Pour moi, difficile de comprendre comment le simple fait de faciliter l’allaitement avait autant de valeur, parmi des centaines d’autres pratiques RSE engageantes.
Normal : comme plus de la moitié des personnes qui travaillent, je n’ai jamais allaité. Et donc, je ne comprenais pas le parcours de la combattante qu’est l’allaitement de son enfant – encore plus quand on doit retourner au travail en fin de congé mat’.
Alors, pour réaliser cette chronique, je me suis fait aider de Marion Ziadé, photographe spécialisée dans l’allaitement et maman de 2 enfants, qui est experte en la matière.
D’abord, imaginez le contexte.
Meilleure croissance, défenses immunitaires renforcées, risque d’obésité réduit, et j’en passe.
Ça, les mamans le savent – et subissent donc déjà une énorme pression sociale pour allaiter – malgré toutes les contraintes que cela représente (réveils en pleine nuit, crevasses, stress quant à la courbe de poids de son bébé… et j’en passe).
Pour celles qui font quand même le choix d’allaiter – et qui y arrivent, car rappelons-le, ce n’est pas donné à tout le monde, il y a ensuite un nouvel obstacle à surmonter : le retour au boulot.
Après des semaines passées à allaiter son bébé tout naturellement, il faut ensuite le déposer dans une crèche ou chez une nounou, où il passera du sein au biberon. Et c’est ici que les galères commencent.
Et là, je vous partage les nombreux témoignages que Marion a pu entendre, lire, et qui m’ont fait comprendre la chose suivante :
D’abord, il faut emmener sa tireuse de lait au travail, avec ses pots, sa glacière, et le tupperware hermétique (parce qu’étant donné le peu d’hygiène dans les frigos d’entreprise, c’est préférable.).
Ensuite, il faut aménager des pauses qui peuvent prendre plus de 30 minutes, parfois plusieurs fois dans la journée, pour tirer son lait – en espérant pouvoir le faire ailleurs que dans les toilettes du bureau.
Tirer son lait, c’est aussi tirer une croix sur les moments de convivialité entre collègues, car les pauses café y passent.
Et pour couronner le tout : la culpabilité ultra-récurrente de ne pas réussir à tirer assez de lait par manque de temps, à cause du stress ou parce qu’on n’a pas osé demander à la direction une salle pour soi.
Et en plus, c’est souvent super simple à réaliser.
Pour vous donner quelques idées, une politique de soutien aux mères allaitantes, c’est par exemple plus de flexibilité sur le télétravail, ou les temps de pause.
C’est aménager une petite pièce au bureau pour pouvoir tirer son lait. – Une pièce qui, attention, doit pouvoir fermer à clé, avec des rideaux ou sans vis-à-vis, et idéalement avec un lavabo et un frigo à l’intérieur.
C’est aussi libérer la parole au sujet de l’allaitement. Non, ce n’est pas tabou de tirer son lait ; ce n’est pas un “truc de femmes” qu’il faut absolument cacher à ses collègues masculins. Et les remarques embarrassantes, désobligeantes ou culpabilisantes ne sont pas les bienvenues.
Dernière chose à aborder :
La réponse est : OUI ! D’une part, parce qu’en tant que jeune maman, on n’a pas toujours le cran de demander à ce qu’on lance ce genre de pratique, surtout quand on est la seule à allaiter dans sa boîte. Alors quand une de vos collègues tombera enceinte, ou le jour où vous recruterez une maman pleine de talents, tout sera déjà prêt sans qu’elle n’ait rien à demander.
D’autre part, parce que ce faisant, vous participez à ce que ces pratiques deviennent la norme. À ce qu’elles ne soient plus un avantage à demander, pour lesquelles les mamans doivent se montrer infiniment reconnaissantes… mais simplement la base pour avoir un environnement de travail plus inclusif et épanouissant.