La particularité du label B Corp, est qu’il est à la fois ouvert à toutes les entreprises… A condition qu’elles jouent le jeu ! Sans fournir un réel effort social et écologique, impossible de réussir l’audit et obtenir ce Label. Aujourd’hui, plus de 5000 entreprises sont des B Corp. Comment ont-elles fait ?
Jay, Bart et Andrew.
Enfin, pour commencer, surtout de Jay (au milieu sur la photo). Dans les années 90, Jay gère une entreprise de vêtements de basket : AND1. On pourrait presque dire la première B Corp… Si l’histoire n’avait pas mal tourné.
AND1 est à l’époque un succès financier… Et même plus. Son impact sur l’économie locale et sa chaîne d’approvisionnement est ultra-vertueux.
En effet, Jay, et plus tard son associé Bart, sont convaincus que le monde entrepreneurial a un rôle à jouer pour plus de justice sociale et d’écologie. De ce fait, AND1 prend soin de ses collaborateurs, de ses fournisseurs, et de son écosytème local bien plus que le strict minimum imposé par la loi.
Quelques exemples : des cours de yoga sont organisés dans l’entreprise, les congés parentalité sont allongés, l’actionnariat salarial est mis en place…
Cette politique du “prendre soin” s’applique également à toute leur chaîne de valeur : AND1 engage ses fournisseurs à assurer des conditions de travail et de sécurité irréprochables.
AND1 donne également 5% de ses bénéfices à des associations caritatives locales.
Nous sommes alors en 2005, et nos deux entrepreneurs sont sidérés. Au lieu de voir la valeur de leurs engagements sociétaux, les nouveaux actionnaires potentiels les considèrent comme une faiblesse. Et oui : prendre soin de ses salariés, de sa communauté, de sa chaîne de valeur, ça représente un coût. Et ça fait baisser les profits.
Tout ce travail… Pour aucune reconnaissance. Des acheteurs reprennent l’entreprise, mais la vident de ses valeurs.
Bart et Jay rencontrent alors Andrew, qui partage leur philosophie et leur mission :
Après avoir considéré la création d’une nouvelle société respectant les mêmes valeurs qu’AND1, les 3 entrepreneurs décident d’aller un cran plus loin.
Ils prennent la décision de créer un “laboratoire” qui évalue et reconnait l’engagement des entreprises pour la société : B Lab.
Cette évaluation se fait à l’aide d’un questionnaire : le BIA (Benefit Impact Assessment). Et ce questionnaire est tellement riche, tellement ambitieux, et tellement bien construit, que nos 3 fondateurs décident de le rendre accessible en Open Source.
Aujourd’hui, n’importe quelle entreprise peut ouvrir un BIA gratuitement – même si elle n’a pas l’intention de se faire certifier. C’est d’ailleurs un excellent outil pour s’auto-évaluer et se comparer. Sachez qu’à chaque action “vertueuse”, votre entreprise gagne des points. Et au-delà de 80 points, vous êtes éligible au label B Corp (après l’évaluation avec un auditeur indépendant, bien sûr).
Mais le BIA est aussi une source d’inspiration où vous pourrez piocher de bonnes idées pour engager votre entreprise.
Si vous débutez dans la RSE, le BIA vous donnera des pistes d’action. Cela va de changer de banque, à officialiser votre politique de télétravail, en passant par la recherche de diversité au sein de votre chaîne d’approvisionnement et la mesure du bien-être de vos clients.
Aujourd’hui, Blab n’est plus qu’une ONG américaine. B Corp est un label international qui touche 86 pays.
Il existe plus de 6000 B Corps dans le monde, dont plus de 200 en France. Quelques exemples : Open ClassRooms, Michel et Augustin, Norsys, La Ruche Qui Dit Oui, Ulule…
Alors venons-en à la question principale :
Si votre entreprise est déjà engagée pour un monde plus juste, si son modèle d’affaire est vertueux, et si vous avez du temps à accorder pour répondre aux 200 questions du BIA : Oui.
Si votre entreprise débute dans son engagement, mais que vous avez une réelle ambition sociale, écologique, et que vous n’avez pas peur de la transition : Oui, aussi.
Si vous cherchez un label facile à obtenir, qui vous permettra de verdir votre image sans trop vous casser la tête… bon courage avec B Corp – sachez que la moitié des entreprises qui passent l’audit sont refoulées.
Ceci étant dit, comment faire pour réussir à obtenir le Label ?
Ces 5 piliers du BIA mesurent surtout vos impacts opérationnels – n’importe quelle entreprise peut y répondre.
Mais ce label a une particularité supplémentaire :
Et ça, c’est vraiment propre au label B Corp. C’est l’occasion de valoriser et faire reconnaitre votre raison d’être !
Votre entreprise débloque un IBM (Impact Business Model) si elle met une mission vertueuse au cœur de son activité – pour l’humain, la planète, ou la société en général.
B Corp en reconnait une vingtaine. Pour n’en citer que quelques-uns :
Mais une entreprise qui ne lutte pas directement pour l’écologie ou contre la pauvreté a également ses chances de débloquer un IBM. C’est d’ailleurs pour cela que des marques de vêtement ou des entreprises de consulting ont réussi à obtenir le label.
Votre entreprise débloque aussi des IBM :
Et c’est ce qui fait la beauté de ce label : tout est noté de manière « positive ». Vous ne pouvez pas perdre de points : uniquement en gagner.
Petite nuance néanmoins : chaque entreprise doit répondre à un questionnaire de divulgation – pour vérifier si votre mission même n’est pas contraire aux valeurs de B Corp. Difficile d’imaginer, par exemple, une société qui vend des armes ou commercialise des cigarettes obtenir le Label – et c’est tant mieux !